"Mecum omnes plangite!"
MARRE !
Qu'est-ce que je fais à écrire encore ici???
Si mon cerveau ne me permet plus que de me plaindre sans cesse, autant mourir tout de suite.
L'envie de vomir omniprésente... la honte... la culpabilité... l'horreur dans le miroir...
La petite souris court sur sa roue en plastique, mange, dort. Sa vie n'est que ça, elle ne pense qu'à cela. Elle ne crée rien en ce monde. Elle consomme et se consume. Encore et encore, sans fin...
Elle n'agit pas autrement, ne fait rien d'autre, RIEN !!!
"Cours, petite, cours ma petite... Brules des calories, expie tes pêchers par ta sueur... Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? POURQUOI??? Sacrifie ton être, ton âme, ton corps, ta vie... Tu es souillée... Purge toi. Oui, sors les matières infâmes que tes démons t'ont poussée à ingérer. Force un peu plus, jusqu'à sortir de l'eau pure... Frappe toi avant que l'on ne te frappe. Saigne, sors ce sang impie qui coule dans tes veines... Tes géniteurs veulent te déshonorer avec leur bouffe ! RECRACHES ça !!! Je veux la perfection : aucune graisse, une peu de muscle peut-être, la peau sur les os. De longs cheveux, un regard étrange, de longs doigts qui courent sur un piano... Sois mon ange. Cours, saute, vole. Je te donnerais des ailes si tu cours assez vite, assez loin.
-TAIS TOI SALOPE !!!
-Non, je ne peux pas me taire, je suis en toi. Tu ne peux me faire taire qu'en me tuant mais alors nous mourrions ensemble.
-Je ne pourrais jamais atteindre ton idéal, c'est impossible. Les gens de ce monde m'enfermerais dans un hôpital psychiatrique, on me forcerais à me nourir...
-C'est le prix à payer pour être un ange. Tu dois respecter mes lois.
-Je ne t'appartiens pas, j'essaie de respecter les lois de la nature : ma faim et ma satiété. Je refuse la restriction cognitive, l'anorexie, la boulimie, tant que je le peux. Non, je refuse de t'obéir !
-Tu le fais déjà sans le savoir ma petite...
-Non, tu mens !
- Si tu m'obéis sans en avoir vraiment conscience, c'est parfait. Je profiterais des recoins de ton cerveau pour m'installer à jamais ! ahaha...
-Non, va-t-en, va-t-en, va-t-en..."
La petite, en prononçant ces mots encore et encore, s'approchait du monstre, puis montra son cou à celui-ci. Il suça alors son sang jusqu'à la dernière goutte et enferma son âme dans un lac gêlé, avec toutes celles qu'il a déjà capturé...
Le monstre vit à présent indépendament, après avoir été imaginé par des centaines d'esprits. Il tue encore.